Le rapport concernant « La cohésion territoriale au Luxembourg : quels enjeux ? » a été élaboré par le CEPS Instead dans le cadre de l’Observatoire du développement spatial du Département de l’aménagement du territoire.
Ce rapport constitue un état des lieux de certains aspects concernant les inégalités socio-économiques au Luxembourg. Il permet d’identifier les multiples facettes du Luxembourg, qui, malgré sa dimension réduite, présente des niveaux de développement fort différents lorsque l’on observe certaines variables à l’échelle communale. Il aborde également un sujet spécifique au Luxembourg, celui de la répartition dans l’espace des populations selon leurs origines géographiques. L’importance de la population étrangère au Luxembourg, de même que la distribution spatiale des populations en fonction de leurs origines soulève un certain nombre de questions et de défis qui sont abordés.
Les constats en matière de cohésion territoriale :
• L’existence d’une certaine forme d’opposition entre un Luxembourg des villes, plutôt défavorisé, et un Luxembourg des campagnes périurbaines, favorisées, et des campagnes plus éloignées, qui le sont moins.
Les espaces urbains à l’exception de la capitale semblent souffrir d’une certaine forme de désaffection de la part des populations socio-économiquement favorisées. Bon nombre de ménages percevant de hauts salaires et épargnés par les problèmes sociaux travaillent dans la capitale et dans sa périphérie. En conséquence, les communes aux alentours de la capitale sont celles où les prix fonciers et immobiliers sont les plus élevés, ce qui les rend inabordables pour les personnes moins favorisées, à l’exception des logements pour lesquels des mesures d’aide existent, à l’initiative de l’Etat ou des communes.
Les centres urbains qui sont relativement éloignés de la capitale ne bénéficient pas de la même attractivité pour les catégories socio-économiques aisées puisqu’ils n’offrent pas la même qualité d’accessibilité à la capitale et ne sont pas perçus comme étant intrinsèquement suffisamment attractifs pour compenser cette distance.
• La précarité sociale se retrouve davantage dans les communes industrielles (Esch-sur-Alzette, Differdange, Wiltz), que dans la périphérie de la capitale.
• Les régions les plus touchées par le chômage sont souvent celles qui ont vu le phénomène progresser le plus vite.
• Les centres urbains accueillent une population étrangère très nombreuse, alors que les Luxembourgeois privilégient les localisations résidentielles dans les campagnes.
Tous ces éléments semblent témoigner d’une certaine crise des villes au Luxembourg, à l’exception notoire de la capitale.
Cette différenciation dans l’espace des profils socio-économiques des habitants ne va pas dans le sens de la cohésion sociale, ni d’ailleurs dans celui de la politique d’aménagement du pays, qui vise à consolider le rôle des centres de développement et d’attraction. Cela crée des problèmes d’absence de mixité sociale, et donc complique le processus d’intégration de certaines populations étrangères. Le problème est particulièrement prononcé dans le système éducatif, qui compte un nombre important de classes presque exclusivement composées d’élèves d’origine étrangère. Tous ces éléments contribuent à dégrader encore davantage l’attractivité de ces communes urbaines vis-à-vis des populations d’origine luxembourgeoise ou étrangères socialement favorisées ayant le choix de leur localisation résidentielle.
Les enjeux en matière de cohésion territoriale et sociale :
• œuvrer en faveur d’un renouveau urbain, constitue la seule voie possible vers un développement plus durable du territoire, dans ses dimensions économique et environnementale bien sûr, mais également sociale,
• favoriser l’installation des populations moyennes supérieures ainsi que des Luxembourgeois dans les villes, afin de favoriser la mixité sociale, le « vivre-ensemble » et d’enrayer le processus de paupérisation de certains espaces,
• offrir des logements adaptés à tous les types de ménage (modestes et aisés), avec une haute qualité de construction
Les instruments qui permettent de remédier à cette situation :
Les plans directeurs sectoriels, et en particulier le plan directeur sectoriel « logement », doivent permettre d’atténuer ce phénomène, en favorisant le développement du logement en milieu urbain.
De plus, l’outil le plus pertinent est celui d’une politique urbaine capable d’inverser la tendance, afin d’éviter la constitution d’un terreau fertile à des tensions divisant la société et opposant un « Luxembourg des villes », paupérisé et délaissé par les Luxembourgeois à l’exception notoire de la capitale, à un « Luxembourg des campagnes », lui-même divisé entre une couronne périurbaine très aisée et des communes à tendance plus rurale, moins riches.