Les travaux réalisés par le CEPS Instead dans le cadre de l’ODS constituent des travaux préparatoires en vue d’une révision du Programme directeur d’aménagement du territoire à l’horizon 2017. Par ailleurs, ils permettent de réagir concrètement en matière de politique d’aménagement du territoire au niveau de différentes stratégies de développement spatial mises en œuvre à l’échelle nationale, telles que le pacte logement, le paquet climat, la stratégie MoDu (mobilité durable) ou encore les plans directeurs sectoriels primaires en cours de finalisation.
Le premier rapport, portant sur les dynamiques de développement démographique, a permis d’apporter un certain nombre de réponses à des questions fondamentales comme : comment et selon quelles logiques la population se répartit-elle sur le territoire national? Quelles sont les zones du territoire les plus dynamiques d’un point de vue démographique? Quelles sont, au contraire, celles dont la population tend à vieillir ou à s’installer ailleurs ? Ces questions doivent être prises en compte pour penser aujourd’hui l’organisation territoriale de demain. Or, les éléments présentés dans le rapport tendent à montrer que les dynamiques de croissance démographique ne sont pas encore en adéquation suffisante avec les préceptes de la politique d’aménagement du territoire qui visent un développement territorial équilibré, cohérent et durable. S’il est vrai que les communes prioritaires (dites communes « IVL ») accueillent plus des deux tiers de la croissance totale de la population, de nombreuses communes présentant un caractère rural croissent de manière trop rapide, ce qui va à l’encontre d’un développement maîtrisé et durable du territoire. Car ces tendances tendent à éloigner les fonctions « habitat », « travail » et «loisir », les deux dernières se concentrant essentiellement dans les communes urbaines, ce qui a son tour entraîne un allongement des distances à parcourir et donc un accroissement général de la mobilité, et notamment des transports individuels. Ainsi, pour que des stratégies telles que la stratégie MoDu fonctionne, il est essentiel que les politiques d’aménagement du territoire adoptent des mesures qui permettent de recadrer les tendances actuelles et de privilégier l’accroissement de la population dans les centres urbains et complémentaires. C’est notamment l’un des objectifs clés du plan directeur sectoriel Logement.
Les éléments exposés dans le deuxième rapport concernant la centralité urbaine permettent de faire une première évaluation de l’impact des dynamiques démographiques décrites sur l’armature urbaine du pays et surtout sur la capacité des CDA et des régions d’aménagement, qui avaient été définis dans le Programme directeur d’Aménagement du territoire, de mieux structurer le développement spatial du pays.
Tendanciellement, l’espace luxembourgeois est de plus en plus structuré en trois ensembles régionaux fonctionnels :
- Le Nord, qui est suffisamment éloigné de la région de la capitale pour avoir des logiques de fonctionnement propres.
- La région centrale, la plus vaste des trois, qui est dominée par Luxembourg-Ville et qui tend à absorber la région Est, qui n’a pas su se structurer fonctionnellement autour d’un centre fort.
- La troisième région qui peut être identifiée est la région SUD, en interaction forte avec la région centrale, mais qui présente une cohérence interne liée à son aspect d’agglomération multipolaire (plusieurs centres : Esch-sur-Alzette, Differdange, Dudelange,…), à son identité, à son organisation administrative, appuyée par un syndicat intercommunal (ProSud) et enfin à son caractère transfrontalier, avec notamment le GECT Belval-Alzette. (Le GECT Belval-Alzette est un groupement européen de coopération territoriale qui réunit l’Etat français, la Région Lorraine, les Départements Meurthe-et-Moselle, Meuse et Moselle et la Communauté de Communes du Pays Haut Val d’Alzette (CCPHVA), du côté français et l’Etat et quatre communes, du côté luxembourgeois.)
Ce constat montre que les régions d’aménagement définies dans l’actuel programme directeur d’aménagement du territoire ne sont plus appropriées et qu’il s’avère nécessaire de redéfinir les orientations d’aménagement et de proposer un nouveau possible découpage régional du pays qui soit non seulement plus en phase avec la réalité, mais qui permette également de tendre vers un développement territorial durable à travers des unités régionales plus fonctionnelles.
En ce qui concerne les centres de développement et d’attraction (CDA), force est de constater que certains d’entre eux n’ont pas connu les dynamiques de croissance relatives projetées dans l’IVL en 2004. En revanche, de nouvelles centralités ont émergé dans des localisations peu compatibles avec les orientations stratégiques qui avaient été définies. Il faut donc recentrer les moyens de la politique d’aménagement du territoire sur les communes au potentiel suffisant ayant montré de véritables dynamiques de croissance et qui sont compatibles avec les principes d’aménagement durable et de mobilité alternative à l’automobile, tout en endiguant l’émergence de nouvelles polarités en milieu rural.
Pour soutenir ces objectifs, la politique d’aménagement du territoire sera bientôt en possession des plans directeurs sectoriels primaires Logement, Paysages, Transports et Zones d’activités économiques. Ces plans permettront de décliner, en s’appuyant sur les modifications prévues de la loi concernant l’aménagement du territoire, les principes politiques dans la pratique. Les travaux réalisés dans le cadre de l’Observatoire du Développement spatial permettront d’assurer un meilleur suivi de ces plans d’importance capitale pour le développement territorial durable de notre pays, à travers notamment la mise à jour régulière et l’analyse de la base de données créée.