En date du 19 avril 2012, le ministre du Développement durable et des Infrastructures Claude Wiseler a présenté la « Stratégie globale pour une mobilité durable – pour les résidents et les frontaliers », appelée « MODU ».
La situation socio-économique du Grand-Duché de Luxembourg, qui se caractérise par une croissance économique et démographique très forte, largement supérieure au reste de l’Europe, accompagnée d’une augmentation géographiquement très déséquilibrée du nombre d’emplois, conduit à un développement très important des besoins en mobilité. Cette tendance entraîne une situation en matière de mobilité qui a atteint ses limites surtout aux heures de pointe et qui impacte négativement la qualité de vie, l’environnement et l’économie.
C’est pourquoi, la présente stratégie nationale de mobilité constitue une approche intégrative des différentes mesures permettant de donner une réponse aux défis de la mobilité, de favoriser l’utilisation des transports en commun, respectivement de la mobilité douce et de définir les priorités infrastructurelles pour garantir que l'offre en mobilité durable évolue au même rythme que et en symbiose avec le développement économique et urbain de notre territoire. En outre, elle met en œuvre les principes du Programme directeur d’aménagement du territoire (PDAT), développe sensiblement les éléments clés du concept «mobil 2020» respectivement de l’IVL, et concrétise les éléments qui, depuis leur présentation officielle, ont évolué en raison notamment de l’impact de la crise économique et financière, des évolutions en matière de politique climatique et environnementale et des décisions du Gouvernement actuel.
Elle est complémentaire au plan directeur sectoriel Transports (PST), qui, de son côté, décrit de manière détaillée les différents projets et mesures nécessitant un cadre réglementaire. Le phasage des différents projets, prévu par l’avant-projet du PST, a été revu et certains projets ont été développés sur base de ces nouvelles réflexions afin de diminuer les coûts, tout en maintenant le principe d’accorder la priorité aux projets en relation avec les transports en commun.
Une des mesures principales de la présente stratégie constitue la création de chaînes de mobilité efficaces, avec une optimisation des ruptures de charge, permettant de combiner différents modes de transports et favorisant l’utilisation des transports en commun et la mobilité douce, et donc la création d’un véritable réseau global (méta-réseau) intégrant tous les modes de transports et permettant une connexion efficace des différents réseaux entre eux.
Au niveau national, respectivement transfrontalier, une réorganisation de l’offre et une amélioration des infrastructures des transports en commun s’avère nécessaire pour en améliorer l’accessibilité et augmenter leur attractivité. C’est dans cette optique, qu’il s’agit, notamment, de renforcer le réseau P+R dans les zones rurales, où une bonne desserte en matière de transport en commun s’avère souvent difficilement réalisable. Toutefois, la réorganisation et la réalisation d’infrastructures routières à certains endroits stratégiques est également nécessaire, en vue, notamment, de réduire les incidences négatives des goulots d’étranglement routiers sur l’économie ainsi que sur la qualité de vie des citoyens.
Au niveau de la Ville de Luxembourg et de sa proche périphérie, le désengorgement des deux principales plateformes multimodales de la capitale pour les transports en commun, à savoir la Gare Centrale et Hamilius, se confirme comme étant indispensable. S’y ajoute le besoin de pôles d’échanges entre les bus interurbains, le train et le tram pour accéder aux principaux pôles de développement. La création de nouveaux pôles d’échange à l’entrée de la capitale est ainsi nécessaire pour pouvoir multiplier les connexions avec le réseau ferré et pour éviter de devoir systématiquement transiter par la Gare Centrale. Cette démultiplication des interconnexions entre les différents modes de transport au niveau de la capitale et de sa périphérie permet de passer d’un système de transport en commun en forme d’étoile à un système en forme de maillage et de donner ainsi une réponse à la forte croissance polycentrique de la Ville et de sa périphérie ainsi qu’aux besoins croissants en mobilité de l’agglomération. Néanmoins, la seule réorganisation du réseau de transport en commun au niveau de la Ville de Luxembourg n’est pas suffisante, puisque malgré l’objectif politique fixé en matière de partage modal pour la mobilité douce et les transports en commun, le trafic individuel motorisé connaîtra aussi une augmentation importante. En conséquence, la restructuration du réseau routier dans la Ville de Luxembourg s’avère nécessaire afin de délester, entre autres, certains axes pour accueillir à moyen terme les charges de trafic supplémentaires suite au renforcement des transports en commun au centre-ville (tram et bus).
Finalement, ladite stratégie constitue un cadre de référence intégratif pour l’aménagement du territoire, la planification de la mobilité et des infrastructures, et permet également de sensibiliser les acteurs concernés à différents niveaux, tels l’Etat, les communes et les citoyens, aux enjeux d’une mobilité durable à moyen et à long terme.